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voyages-madeleine-guillou

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voyager en cargo autour du monde

Publié le par voyages-madeleine-guillou

Temps magnifique. Je m'installe dans une passerelle vide qui m'appartient entièrement. Je suis environnée de portiques en folie.

Drapeau émirats - portsDrapeau émirats - ports

Drapeau émirats - ports

On charge à une vitesse incroyable, la moyenne est de 25 à 30 conteneurs à l'heure par portique. Certains peuvent même accélérer la cadence. Depuis notre arrivée, jour et nuit, il y a entre neuf et dix portiques en action pour le Bougainville. Un petit porte-conteneurs (2000, 3000 je ne sais pas) est entré dans la baie et stationne devant nous, il va falloir partager les portiques. Les cales vides sont d'une profondeur inquiétante. Je me penche avec prudence.

Cales - planchersCales - planchers
Cales - planchersCales - planchers

Cales - planchers

Images insolites : détail de travaux sur un portique protégé du soleil par un petit parasol !

Un parasol de plage, vraiment ?Un parasol de plage, vraiment ?

Un parasol de plage, vraiment ?

Quelques renseignements sur la ville et le port Khor Al Fakkan (source wikipédia).

La ville constitue une enclave de l'émirat de Charjah entourée par celui de Fujaïrah au nord et au sud et par l'enclave omanaise de Madha à l'ouest. Plus grand port des Émirats arabes unis sur la côte Est, Khor Fakkan sert de plate-forme de distribution et de transport de marchandises en provenance et en partance pour le golfe persique, l'Océan Indien et le reste de l'Asie. Grâce à ses eaux profondes, le port peut également accueillir des pétroliers pour l'exportation de pétrole.

Khor désigne un îlot découvert à marée basse.

Le site offre peu de place car la ville est prise en étau entre la mer d'Arabie et les montagnes Shumayliyah qui culminent à 1 023 mètres d'altitude au djebel al Hilqah.

Le port se situe dans une baie, la baie de Khor Fakkan, orientée Nord-Nord-Est et protégée des vents dominants par une jetée servant de terminal pour les porte-conteneurs.

Le tourisme, malgré l'interdiction totale de vente et de consommation d'alcool par l'émirat de Charjah, est bien développé grâce aux plages de sable blanc et aux récifs coralliens qui attirent de nombreux plongeurs sous-marins.

Les émirats n'ont pas d'industrie, pas d'économie exportable. Ils exportent le pétrole brut. Ils importent tout ce dont ils ont besoin. L'or noir leur permet de vivre sans produire quoi que ce soit.

Tous les employés qui travaillent dans le port sont des indiens. Ils ont leur propre village à côté de la ville. Ils ne sont sans doute pas musulmans, on peut imaginer la ségrégation qui existe. Il est vrai que le régime des castes en Inde n'est toujours pas aboli, cela ne les change pas beaucoup et ici ils ont du travail.

La ville de Khor Al FAKKAN est plus animée qu'hier. Des bateaux font la navette entre la ville et le rocher de Sirat Al Kkawr. Mon poste d'observation est épatant. Dans une petite crique des tentes ont été installées, des gens se baignent avec des longues chemises. Je ne pense pas que ce soit pour éviter les coups de soleil…. Quelques personnes font de la plongée en… combinaisons. Avec 40° extérieur, cela s'impose. On ne peut pas oublier dans quel pays nous sommes

Plongée dans les émirats
Plongée dans les émiratsPlongée dans les émirats

Plongée dans les émirats

Côté ville les hors-bords sont nombreux. Ils trainent des parachutes ascensionnels qui mettent des jolies couleurs dans leur sillage. Vincent aurait souhaité aller avec Bastien (le zef du pont, j'espère que vous suivez) faire du ski nautique. En tant qu'étudiants ils bénéficient d'un peu plus de temps de loisirs que les autres. Le problème est de sortir du port. Pour avoir un "short Pass" c'est extrêmement long et compliqué. On peut rester bloqué plusieurs heures dans la guérite sans aucune raison valable. Ensuite si jamais ils acceptent, il faut prendre un taxi hors de prix pour aller en ville, sans être certain d'en trouver pour le retour. Pierre a fait l'expérience dans un précédent voyage, il était rentré à pied. Nous ne sommes pas les bienvenus dans cette ville. Autant faire l'impasse.

Entrée-sortie du portEntrée-sortie du port
Entrée-sortie du port

Entrée-sortie du port

Pendant les escales les marins repeignent les éraflures sur la coque du navire. Avec cette chaleur, les odeurs de peinture, de graisse, de fioul, rendent ce travail très pénible, mais cela fait partie des tâches d'entretien.

Peinture fraîche !
Peinture fraîche !

Peinture fraîche !

D'après les dernières infos nous devrions partir vers 21 h. C'est une bonne nouvelle pour l'équipage, si cela se confirme, nous devrions être en pleine mer avant minuit.

Un oiseau vient se poser juste devant mes yeux. C'est le premier oiseau qui ose venir jusque dans le port. La seule verdure et le seul endroit pour les déchets éventuels sont à la sortie du port. Sur les navires et sur les quais il n'y a rien à picorer. Je pense que c'est un corbeau mais il est petit, cela pourrait être une corneille, ma connaissance des oiseaux ne s'est pas améliorée depuis mon dernier périple.

Quel oiseau ?
Quel oiseau ?

Quel oiseau ?

Le porte-conteneurs arrivé ce matin repart déjà. Nous allons récupérer les portiques. La sortie du ^port est très rapide.

 

Sortie du porte-conteneur - remorqueur et Pilot
Sortie du porte-conteneur - remorqueur et Pilot

Sortie du porte-conteneur - remorqueur et Pilot

18 h le silence me fait lever la tête, toute l'activité du port s'est arrêtée. Les dockers indiens descendus des portiques rejoignent sur le quai une cabine qui ressemble à un conteneur peint en blanc. Changement d'équipe. Un peu plus loin, un autre groupe de dockers consultent des documents. Les chefs sans doute qui prennent connaissance des plans de travail.

Changement d'équipe
Changement d'équipe

Changement d'équipe

Ce qu'ils font doit être épuisant, les cadences sont très élevées et la concentration exigée est maximum. Dans la cabine mobile du portique qui fait des allers-retours continuels devant moi, le grutier est un tout jeune homme. Il est courbé en deux pour suivre visuellement le placement du conteneur qu'il fait descendre. Il tire nerveusement sur sa cigarette.

Il attend la fin du balancement, pose et attend le moment de l'enclenchement correct des twist-lock pièce de métal qui unit les conteneurs pour libérer la nacelle qu'il remonte avant de repartir à toute allure en marche arrière pour prendre un nouveau conteneur stocké sur un des camions qui attendent en convoi sur le quai. C'est vraiment un métier !

Travail du grutierTravail du grutier
Travail du grutier
Travail du grutierTravail du grutier

Travail du grutier

L'architecture des portiques est d'une beauté extraordinaire. Je ne pense pas que ce soit un paramètre qui a été pris en compte dans leur fabrication, mais c'est un fait. Au milieu d'une douzaine de portiques, il y a un portique "amiral" avec une flèche immense qui ressemble à un pont routier. Il y a des dizaines de balustrades et d'escaliers dans tous les sens.

Cela permet de communiquer avec les différents piliers. La hauteur est vertigineuse. Les hommes qui grimpent tout en haut des piliers sont les huniers et les vigies modernes des ports actuels.

Je suis emplie d'admiration pour les ingénieurs, les techniciens, tout ceux qui ont conçus et réalisés ces "monuments".

Magnifique portique
Magnifique portique

Magnifique portique

Justement les dockers ont accéléré les cadences et nous partons bien à 21 h. Le fait qu'il y ait un bateau qui attend d'entrer dans le port n'est pas étranger à cette efficacité.

Le diner est un peu avancé, le capitaine ne prend qu'un sandwich, il doit faire les derniers contrôles de chargement. L'heure du départ convient à tous.

Les hommes de la machine sont confrontés à un mystère : la trottinette du Chef a disparu ! La belle trottinette blanche n'a pas été revue depuis ce matin. La trottinette noire commune est là. Une vaste enquête dans les profondeurs du navire va être menée, apparemment il y a des recoins multiples ou elle a pu être déposée. Blague ou pas blague ? On en saura davantage demain. Pour l'instant seul le départ compte.

20 h 30 un conteneur n'a pas été mis à la bonne place. Le capitaine prévient un portique qui se remet en action, l'erreur est réparée. Le pilote arrive vers 21 h, les remorqueurs sont en place.

Le filet de l'échelle de coupée est remonté, c'est une manœuvre difficile qui demande beaucoup de force physique aux marins. L'échelle est fixée le long du bateau.

On détache le navire qui décolle lentement du quai. Il recule pour se dégager de la rade. Moment intense. Il pivote lentement pour mettre l'avant face au large. Des petits bateaux passent devant et derrière, la nuit ils sont très visibles, le danger est moindre.

Une demi-heure après, le pilote descend et les remorqueurs rentrent au port. Nous sommes de nouveau autonomes. L'équipage termine la sortie de la baie. Malgré sa taille ce navire est très "manœuvrant" me dit le commandant. Ce soir il ne râle pas, je crois même qu'il est content.

En route pour Shanghai.

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Publié le par voyages-madeleine-guillou

3 h j'entends le bruit du moteur, par mon sabord, entre deux conteneurs, je vois que nous nous approchons du port. Je ne dormais que d'un œil, en deux minutes je suis sur la passerelle. Le port est violemment éclairé, on y voit comme en plein jour.

Je suis devant un spectacle dont je ne me lasse pas. Le pilote et le commandant sont penchés vers l'extérieur sur l'aileron tribord. Le capitaine me dit qu'il y a eu un incident pendant le chargement du CMA-CGM Berlioz. Une bobine serait tombée entre les conteneurs et cela a considérablement perturbé la fin du chargement.

Portiques géants la nuitPortiques géants la nuitPortiques géants la nuit
Portiques géants la nuitPortiques géants la nuitPortiques géants la nuit

Portiques géants la nuit

La manœuvre d'arrivée est spectaculaire. Il y a deux remorqueurs. Un à l'avant et un à l'arrière, le bateau est tellement long qu'on ne les voit pas. Très lentement le bateau glisse latéralement pour toucher les énormes bouées d'amarrages installées le long du quai. Je vois les dockers, assis par terre, regroupés à différents endroits stratégiques pour attraper les filins.

Le bateau touche à peine que les immenses portiques se mettent en action et glissent au-dessus de nous. L'échelle de coupée est en place et je vois les agents portuaires, des douanes, de l'immigration, monter à bord. Le capitaine descend les accueillir. Le pilote nous quitte. Il n'est pas resté longtemps et celui-là était très correct.

Le commandant termine les contrôles - quais et jetée du port
Le commandant termine les contrôles - quais et jetée du portLe commandant termine les contrôles - quais et jetée du port

Le commandant termine les contrôles - quais et jetée du port

Le commandant fait les dernières vérifications avant de descendre à son tour pour les formalités.

Il fait chaud, environ 33 degrés mais c'est supportable.

Cette fois je peux aller dormir.

8 h. On est certainement jeudi car il y a des pains au chocolat au petit-déjeuner. Le rituel des viennoiseries du dimanche et du jeudi servent de repères à ceux qui perdent le compte des jours. Dont moi. Félix a laissé la table plus longtemps que d'habitude par égard pour les travailleurs de la nuit.

Les portiques travaillent sans relâche. Nous allons livrer la moitié de notre chargement. Il va y avoir environ 8000 mouvements c'est-à-dire déchargement et chargement.

Cartographie du port Khor Al Fakkan
Cartographie du port Khor Al FakkanCartographie du port Khor Al Fakkan

Cartographie du port Khor Al Fakkan

Nous repartirons avec de conteneurs vides et avec des conteneurs apportés par d'autres bateaux. Ce port est une plateforme de transit entre les continents

Il fait 40 ° avec un beau soleil, difficile de se tenir à l'extérieur. Je crois que je vais m'occuper de l'entretien de mes vêtements.

À 12 h 15 nous sommes presque au complet au Carré. Le commandant a dormi 3 h, le Chef pas beaucoup plus, les autres je ne sais pas. J'oubliais le capitaine qui lui n'a pas dormi du tout, il est en charge de la surveillance de tous les mouvements. Il nous rejoint à table avec le sourire. Il n'a même pas les traits tirés, quelle santé et quel moral !

Le déjeuner est joyeux, les agacements de la nuit s'estompent. Ils pensent aux deux semaines de pleine mer que nous allons avoir avant Shanghai, et c'est ce qu'ils préfèrent.

Bougainville vues multiples au port
Bougainville vues multiples au port
Bougainville vues multiples au port
Bougainville vues multiples au port
Bougainville vues multiples au port
Bougainville vues multiples au port
Bougainville vues multiples au port
Bougainville vues multiples au port
Bougainville vues multiples au port
Bougainville vues multiples au port
Bougainville vues multiples au port

Bougainville vues multiples au port

En attendant nous projetons une descente dans le supermarché local en duty free. Vincent voudrait acheter des enceintes. Je n'ai besoin de rien mais je vais l'accompagner par curiosité. Avec un casque et un gilet fluo on peut traverser le port. Il n'y a pas de navettes, par contre le Chef me dit que si nous achetons des babioles au supermarché une camionnette nous ramènera au navire !! Attention ils prennent toutes les devises mais rendent la monnaie en devises locales, il vaut mieux faire l'appoint ou régler pas carte.

16 h 30 Je rejoins mon zef zélé (joli, non ?) au pont A pour l'escapade dans la boutique duty free. Pas de formalités, nous restons dans l'enceinte portuaire. Nous marchons le long du quai sur la ligne piétonne en faisant attention aux différents obstacles que sont les trous, les boulons, les flaques d'huile… Nous avons une vague indication du lieu où nous allons. Autour de nous, le ballet des camions et des portiques nous environne de bruits et de couleurs. Le parcours estampillé piéton s'arrête au bout du quai et nous nous lançons pour traverser les allées avec prudence. J'ai déjà vu quelques ports, ici les conducteurs d'engins sont nettement plus prudents que dans mon souvenir. Le port est récent et les allées sont larges. Repérer les piétons est plus facile, d'ailleurs nous ne sommes pas les seuls.

Sortie sur le quai, vers le supermarche du port
Sortie sur le quai, vers le supermarche du portSortie sur le quai, vers le supermarche du portSortie sur le quai, vers le supermarche du port
Sortie sur le quai, vers le supermarche du portSortie sur le quai, vers le supermarche du port

Sortie sur le quai, vers le supermarche du port

Vincent demande le chemin du supermarché car nous arrivons à l'entrée du port sans l'avoir trouvé. Bingo le Seamens's Club est tout près. Nous avons fait à peu près 1 km sous 40°. La fraicheur à l'intérieur du local préfabriqué nous requinque.

Enfin avec Vincent, à l'intérieur de la boutique...
Enfin avec Vincent, à l'intérieur de la boutique...
Enfin avec Vincent, à l'intérieur de la boutique...

Enfin avec Vincent, à l'intérieur de la boutique...

Rationnel, organisé, propre cet endroit propose absolument tout ce dont peut avoir besoin un marin en transit sauf des cartes postales, tant pis. Au sommet du hit-parade de ce genre d'endroit on trouve les produits Nivéa dont les marins philippins raffolent, les alcools de toutes sortes et de toutes provenances. Un pan de mur entier de cartouches de cigarettes, de cigares et du chocolat suisse. Liste non exhaustive bien sûr.

Il y a un peu de matériel informatique, des téléphones et des enceintes. Vincent trouve des haut-parleurs pas chers pour le Carré. Contrat rempli, nous nous intéressons au rayon alimentaire. Étant donné la cuisine du bord nous n'avons besoin de rien !

Je prends quand même des pistaches et autres petites choses salées pour l'apéro au Carré. Nous regardons les objets souvenirs. Ils ont tous des inscriptions "Dubaï" et sont affligeants de laideur.

Nous payons nos achats en dollars, la caissière rend la monnaie en dollars si ce sont des billets, si ce sont des centimes, elle arrondit et donne des chocolats en guise de compensation. J'ai droit à deux chocolats !

En sortant, il fait toujours 40 ° et avant de retraverser le port, Vincent propose d'aller dans le bar qui jouxte la boutique. Nous entrons dans une grande pièce mal éclairée, où se trouvent quatre ou cinq tables occupées par 3 marins, un billard, une étagère avec des boitiers de connection internet. Deux serveurs indiens se précipitent avec des menus pour dîner. Nous voulons seulement boire un verre. Déception des serveurs. Le choix des boissons est dans la vitrine réfrigérée, Vincent choisit un Fanta lemon. Je n'ai jamais bu de Fanta lemon, et alors ! heureusement qu'il me reste des choses à découvrir. Je prends une boîte. Prix rond de 1 dollar pour les deux, pas de monnaie à rendre, ils ne doivent pas avoir de chocolats.

Le serveur nous apporte cérémonieusement deux verres en plastiques et des pailles.  Il faut vraiment avoir soif pour boire des trucs pareils.

Repos du marin !
Repos du marin !
Repos du marin !

Repos du marin !

Désaltérés et après quelques photos souvenirs devant un bateau à taille humaine, nous retraversons le port pour rejoindre le Bougainville.

Vincent est très smart, moi beaucoup mons avec gilet et casqueVincent est très smart, moi beaucoup mons avec gilet et casque
Vincent est très smart, moi beaucoup mons avec gilet et casque

Vincent est très smart, moi beaucoup mons avec gilet et casque

Le porte-conteneurs qui stationnait devant nous est parti, et Bougainville nous apparait, illuminé dans la nuit qui tombe, il faut reconnaitre que c'est grandiose.

Bougainville à quaiBougainville à quai
Bougainville à quai

Bougainville à quai

J'ai un peu de mal à suivre le rythme de Vincent qui pourtant m'attend très gentiment. Nous aurions dû prendre la camionnette du Seamens's. Au pied de l'échelle de coupée, même lui reprend son souffle. En montant l'échelle méthodiquement je réalise qu'elle fait plus de 75 marches, l'horreur !

Après une bonne douche je suis en forme pour le dîner qui comme d'habitude est un moment de plaisir. Les hommes de la machine profitent de l'escale pour réparer, tester des matériels. Ce bateau est neuf et il y a encore des manettes, des boutons qui ont échappé au descriptif et qui les intriguent. Ils utilisent ce temps de calme pour découvrir leur utilité. Ils racontent avec humour les essais et les surprises obtenues.

Le commandant est très intrigué par une petite boîte qui est sur le pont et dont personne ne connait l'usage. Il promet que pendant ce voyage il en aura le cœur net. À suivre donc !

Les hommes qui ont veillé la nuit dernière vont pouvoir dormir. Demain le départ est prévu vers minuit, il s'agit de faire provision de sommeil.

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Publié le par voyages-madeleine-guillou

Ce matin, nous sommes en pleine mer. Nous n'apercevons aucune côte. Nous sommes en plein "virage" pour venir à l'entrée du dans le Golfe d'OMAN.

Position du bateau qui orend le virage de l'entrée du Golf

Position du bateau qui orend le virage de l'entrée du Golf

Vers 9 h nous voyons apparaître un bateau à moteur très rapide avec un seul individu à bord. Il fonce à toute allure vers l'avant du Bougainville.

Les hommes de quart ont leurs jumelles, moi aussi. Nous suivons ce "moustique" qui coupe la route du bateau. Nous le voyons disparaitre et reparaitre à tribord au bout de quelques secondes. Nous sortons sur les ailerons pour le suivre. Il fait le tour complet du navire et disparait plein gaz vers la côte iranienne (cela ne veut pas dire qu'il y aille).

Étonnant, peut-être voulait-il faire quelques photos sublimes ou a-t-il besoin d'une bonne dose d'adrénaline. Il ne faudrait pas que son moteur cale quand il se trouve juste devant la proue !

Pêcheur kamikase qui veut protéger ses filets
Pêcheur kamikase qui veut protéger ses filets

Pêcheur kamikase qui veut protéger ses filets

Le commandant me donne l'explication du comportement du petit bateau. C'est un pêcheur qui a jeté des filets et qui prévient Bougainville pour qu'il n'aille pas saccager sa zone de pêche. Quand c'est possible les porte-conteneurs respectent les filets, et si c'est possible, modifient légèrement leur trajectoire. Nous apercevons les minuscules (vues d'en-haut) bouées blanches qui signalent les filets. Voyant que nous n'allons pas passer dessus, le bateau de pêche arrête ses passages autour du navire. Il surveille de loin. En mer de Chine il y a beaucoup trop de bateaux de pêches pour éviter les filets.

Vers 11 h 30 nous avons un test de toutes les alarmes. C'est un festival de bruits divers et d'appels dans les hauts parleurs.

Ce midi le Chef m'a confié un disque externe sur lequel chacun ajoute sa bibliothèque de films pour les regarder dans le Carré. Cette fois je n'en ai pas apporté beaucoup. Dans mon premier voyage je n'avais regardé que 5 ou 6 films en 3 mois. Cette fois j'ai privilégié les livres audio, les livres sur ma liseuse et la musique bien sûr.

Sur un mes disques il y en a quand même 39 que je vais leur copier. J'aime bien ces partages quand on vit ensemble pendant de longues semaines.

Ce soir nous avons enfin un ciel dégagé et un merveilleux coucher de soleil.

Le bateau est droit, le soleil dessine la courbure de la terre.

Le bateau est droit, le soleil dessine la courbure de la terre.

Le pilote doit arriver vers 23 h 30. Malgré l'horaire soi-disant confirmé, quand je monte en passerelle, il n'est pas là !

J'apprends qu'il y a un bateau à notre place et que personne ne sait quand nous allons accoster.

Nous sommes à quelques miles du port. Toute la côte est illuminée, on voit des masses sombres, non éclairées, qui sont des rochers semblables à des collines.

Ce qui fait râler le commandant c'est que le bateau en question est un CMA-CGM, le Berlioz, un 6000 sous pavillon international. Il ne peut pas entrer en contact avec lui et n'a aucune information sur la raison du retard. L'agent portuaire ne donne pas de renseignements.

À cet endroit les courants sont très forts, le bateau n'est pas au mouillage et dérive doucement vers le Nord. Le Chef et son équipe sont à la machine, prêts à toutes éventualités. En cas de risque on peut retourner quelques miles en arrières.

À bâbord, il y a une foule impressionnante de bateaux. Dans la nuit leur alignement est trompeur et je pensais que c'était une ligne de côte illuminée. Sur le radar on peut estimer qu'il y en a une cinquantaine.

Nous passerons avant eux, comme nous prenons beaucoup de place ils ne sont pas près d'accoster.

Le temps s'étire lentement. Sans information complémentaire personne ne peut quitter son poste. Le commandant s'installe dans son fauteuil, c'est tellement rare de le voir assis, résigné devant l'impossibilité d'agir, que je  comprends que l'attente peut durer des heures. Il est minuit et demie je vais dormir, le commandant m'appellera quand le pilote montera à bord.

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Publié le par voyages-madeleine-guillou

Comme titre de ce billet j'ai repris l'intitulé de la carte marine du jour. J'aime ces mots que je ne sais pas prononcer correctement mais qui chantent dans ma tête.

Nous longeons (de très loin) OMAN, la température est toujours de 30° dans l'air et dans l'eau. Le vent est léger et la chaleur est exactement comme on aime. Enveloppante mais pas étouffante ou lénifiante. En résumé je peux lire dehors sur la coursive.

Position du bateau. On dirait un jeu vidéo, en rouge c'est Bougainville !

Position du bateau. On dirait un jeu vidéo, en rouge c'est Bougainville !

J'ai publié très en retard mes billets car je me suis mise en tête d'insérer des photos dans mon blog. J'ai tout bloqué sur le billet du Canal de Suez. J'ai diminué toutes mes photos pour qu'elles fassent 50 ko maximum mais Overblog avait du mal à les recevoir. La liaison satellite du bateau fournit un débit très lent. J'ai passé ma journée à ruser avec le système. Quand j'ai enfin réussi à mettre presque toutes les photos et à demander la publication Overblog m'a jeté !

De plus j'ai mangé tout mon crédit internet et je dois aller demander au commandant de remettre des sous dans ma boîte. Il trouve que c'est du racket cette histoire d'accès payant. C'est comme les péages, au début c'est pour rentabiliser l'investissement et quand c'est fait on "oublie" de les supprimer. Je râle mais je trouve quand même magique de pouvoir utiliser ces technologies en pleine mer.

Prise par cette activité je n'ai pas été à la piscine, je n'ai pas non plus été faire le tour du pont de manœuvres. Activité physique un peu limitée !

Pour tout arranger nous avons changé d'heure. Nous avons avancé d'une 1 h. Ce qui fait 2 h depuis une semaine. Le temps se raccourcit… Dans ce sens-là ce n'est pas difficile sauf que les repas reviennent un peu vite.

Tout va rentrer dans l'ordre. Ce soir je suis à jour pour mon blog. Demain nous serons à KHOR AL FAKKAN. Le pilote arrive à 23 h. La nuit va être longue ou courte, au choix !

Jolies couleurs ...

Jolies couleurs ...

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Publié le par voyages-madeleine-guillou

7 h petit-déjeuner. Bon moment, silencieux. Tanguy termine, Pierre arrive suivi de Guillaume et de Vincent. Pierre souhaite un bon anniversaire à Guillaume. Mais oui c'est bien le jour cette fois. Aujourd'hui tout le monde pensera à le lui souhaiter, c'est un jeune homme très populaire parmi l'équipage.

Sur un bateau le "trombinoscope" affiché sur chaque pont mentionne la date et le lieu de naissance de chacun.

Rituellement je monte au pont G saluer le commandant. Il est  toujours très accueillant. Ensuite consultation des news et courriels. Le bureau commun est très agréable et nous pouvons utiliser n'importe lequel des ordinateurs.

Bureau à la disposition de l'équipage et des passagers
Bureau à la disposition de l'équipage et des passagers
Bureau à la disposition de l'équipage et des passagers

Bureau à la disposition de l'équipage et des passagers

Je me suis installée en passerelle, L'homme de quart Ramhyrr, m'appelle pour me montrer des dauphins qui batifolent au large. Ils sont un peu loin, dommage !

La mer s'est dégagée du ciel. Chaque élément reprend sa place et de nouveau on distingue la ligne d'horizon.

Le bateau avance à environ 17 nœuds, il glisse sur l'eau. Le vent est léger, sur les ailerons nous sommes tellement haut qu'il est toujours sensible. Je ne sais pas si j'aurais l'occasion d'y mettre mon fauteuil pour lire. Peut-être en mer de Chine.

Pendant le repas le commandant nous a informés qu'un bateau de commerce a été attaqué cette nuit vers 1 h. Il était au mouillage à la hauteur de Mukalla.  Il y avait des mercenaires à bord du bateau marchand/ Après un échange de coups de feu les assaillants ont été repoussés. Le bateau n'a pas été pris.

À 3 h nous étions au large de cette position mais à 50 000 miles (environ 100 kms), nous ne risquions rien. Finalement les pirates n'ont pas encore renoncés aux pillages.

Carte marine emplacement de Mukalla

Carte marine emplacement de Mukalla

 

Le temps est stable. La mer est d'huile, les poissons volants sont au rendez-vous. Guillaume a vu un espadon. Il fait 30° tout est calme et harmonieux.

Guillaume et Dan échangent des plaisanteries à voix basse pendant que le zef Vincent planche sur de nouveaux exercices.

Le temps pourrait s'arrêter je me sens si bien…

Beauté et sérénité de la pleine mer
Beauté et sérénité de la pleine mer Beauté et sérénité de la pleine mer

Beauté et sérénité de la pleine mer

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