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voyages-madeleine-guillou

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voyager en cargo autour du monde

Publié le par voyages-madeleine-guillou
Publié dans : #Demi-tour du monde

Je commence ma 13ème semaine à bord de ce navire ou je suis arrivée le 13 avril.

Je suis sur le pont à 6 h 45, le temps est exactement le même que la veille. Aurons-nous encore un lever de soleil digne de ceux que nous avons eu avant Le Havre ? Pas sûr car la Manche et la Mer du Nord ne sont pas réputées pour leur climats ensoleillés.

Un café bien chaud et deux cookies me réconforte. Ronald a entrepris un grand ménage sur la passerelle qui est éclairée dans tous les coins. Willy, Numériano, et même le commandant déboulent ! C'est la gare Saint Lazare aux heures de pointe ! Que de bruits sur "ma" passerelle ce matin.

On se calme, je réalise que j'ai pris des habitudes et que je commence à devenir une vraie sauvage. Je ne peux même pas entendre correctement la musique. Vasile a pourtant mis Billy Joël, ce qui ne peut que me mettre de bonne humeur. J'arrive à me réfugier dans la bulle que constitue le grand siège en me concentrant sur la mer et la musique et j'oublie le reste. Le calme revient à la fin du quart. Juste le temps de reprendre un café et la journée peu commencée.

 

J'écris, je lis. Il pleut. Malgré tout le temps passe vite. En fait le ménage de ce matin ne va pas être un acte isolé. Il y a un remue-ménage sensible sur le navire. On sent que l'heure d'une rotation importante approche. Il faut faire les derniers exercices, les derniers contrôles avant de remettre le navire en ordre aux officiers qui vont prendre la relève.

Nous arrivons à 4 h du matin à Rotterdam jeudi matin 5 juillet, nous en repartons vers 20 h le soir. Il faut être vers 6 h du matin à Dunkerque le lendemain 6 juillet pour en repartir vers 19 h. l'arrivée à quai au Havre, est prévu à 6 h du matin le 7 juillet. Autant dire que les officiers devront avoir bouclé valises et dossiers mercredi au plus tard.

Sherwenn m'apporte un formulaire "enquête de satisfaction" concernant le voyage. Comme d'habitude ces formulaires m'ennuient. Je ne sais pas répondre par oui ou par non quand on pose une question du type (je traduis à peu près, c'est en anglais !) "Le staff aurait-il pu être meilleur ? Comment ?" pour répondre il y a de la place pour 3 mots. J'essaie tant bien que mal de le faire et je finis pas écrire mon avis au dos de la feuille. Cela ne rentrera pas dans un tableau excel, tant mieux. Je ne voudrais pas que quiconque donne une note à "mon" voyage. D'accord je fais ma mauvaise tête et je suis injuste car c'est pour améliorer le service, mais j'assume.

 

L'alarme incendie bat son plein, je ne suis pas concernée et je tente la piscine. L'eau est froide mais pas glaciale. Dans cet endroit je ne gêne personne ! c'est aussi privé que ma cabine, puisque je suis la seule à l'utiliser.

On change d'heure pour la dernière fois. Nous sommes calés sur l'heure de la France. La passerelle n'est pas plus sereine que ce matin. L'exercice incendie n'est pas terminé, les télescripteurs crachotent et les lumières clignotent. Pour couronner le tout non seulement le brouillard est toujours là, mais il pleut beaucoup.

L'accalmie sur la passerelle comme dans le ciel est surement pour demain.

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Publié le par voyages-madeleine-guillou
Publié dans : #Demi-tour du monde

6 h 30, je suis au rendez-vous de la passerelle. L'éclaircie n'a duré qu'une soirée. Le ciel et la mer se confondent, le brouillard enveloppe tout. L'Atlantique Nord ne fait pas de cadeau. La mer est grise. Seule la température a remonté, nous avons 21 degrés.

 

Je vais me mettre dans le transat pour lire. L'humidité est telle que je suis obligée de mettre mon ciré et de me couvrir les jambes. Je vois à peine la mer à mes pieds. Tout est blanc, laiteux. Capuche sur la tête, enveloppée dans la couette, je dois ressembler à Clara, l'enfant tuberculeuse, amie d'Heidi dans un livre qui a bercé mon enfance. Pour tous ceux qui ne connaissent pas, et ils doivent être nombreux, Heidi est une petite fille des montagnes qui vit chez son grand-père. Elle rencontre une petite fille de la ville venue se soigner à l'air pur. Ce souvenir me revient car tous les après-midi, pour guérir Clara, sa maman l'installait au soleil. Elle était dans une chaise-longue, au-dessus des nuages, emmitouflée de couvertures. D'accord, je ne suis pas une petite tuberculeuse et Heidi n'est pas là pour me distraire mais cette image a du marquer mon imagination puisqu'elle me revient à cet endroit. Mystères de la mémoire.

 

Journée somnolente et douce. Le brouillard est toujours aussi épais mais le soleil, derrière, chauffe vraiment. Curieuse lumière irisée, pleine d'ombres laiteuses. Je me secoue pour aller marcher un peu. À la proue, je reste un moment me regrettant de ne plus voir de poissons volants. Comme pour me consoler, trois dauphins surgissent dans une jolie arabesque, je les regarde s'éloigner entre deux eaux. Finalement l'eau à beau être d'une vilaine couleur grise, elle est claire au moins en surface. Ma journée est sauvée.

 

Vasile n'a pas vu les dauphins mais il a vu une baleine. Normal il est plus grand que moi ! Le navire va lentement, nous avons du temps. Nous ne pourrons pas entrer dans le port de Rotterdam avant le 5 juillet. Il vaut mieux économiser le fuel plutôt que de rester au mouillage dans la Manche.

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