La tempête ne faiblit pas. Les actes de la vie quotidienne sont tous plus moins difficiles. Se faire un shampoing est
périlleux.
Je ne dors pas beaucoup et je vais sur la passerelle à 7 h
partager le café du capitaine qui prend son quart à 4 h du matin. Il y a du monde sur la passerelle, Numériano, le fitter et Willy le bosco viennent chercher le planning des travaux à effectuer
dans la journée. Ce planning est préparé tous les jours par le capitaine.
Le soleil monte, il est billant et très blanc sur une mer remplie de hautes crêtes, blanches elles aussi. Impossible de
vraiment décrire, c'est magnifique et impressionnant. Merveilleux début de journée dans ce fauteuil confortable avec un café et de la musique, perchée au-dessus de la mer.
Matinée consacrée à mettre en ordre mes vidéos. J'ai fait à peu près 2500 photos et films depuis mon départ ! il ne faut
pas que je me laisse débordée par le classement.
Les grands travaux d'entretien battent leur plein sur le bateau. Pour tenir compte de la mauvaise mer, les marins font des
tâches qui ne sont pas dangereuses. C'est le décapage et le grattage des tâches de rouille sur les rambardes. Il y a des éclats de peintures un peu partout et les ponts extérieurs sont difficiles
d'accès. Le navire est grand, je trouve un espace déjà ou pas encore nettoyé, pour me poser avec mon livre.
Devant moi un magnifique arc en ciel apparaît, c'est toujours beau mais sur déployée sur une telle surface c'est à couper
le souffle. J'ai toujours mon appareil photo avec moi, comme il dure très longtemps, je prends mon temps pour le mitrailler. Quand il s'estompe, l'air est plein de couleurs qui se fondent dans la
mer. Je reste longtemps à regarder la mer, un bel oiseau, grosse mouette, albatros, goéland, je suis incapable de l'identifier et j'en ai honte, tourne en guettant les poissons volants qui font
des bonds prodigieux. Le vrai nom des poissons volants est exocet, eh oui ce sont les missiles qui ont pris leur nom !
Ça bouge tellement que et je suis obligée de caler mes pieds sur la rambarde pour ne pas glisser. La pluie me chasse du
pont. Pas de coucher de soleil, le ciel est très gris. Je monte à la passerelle vers 17 h 45. Il y a du monde dans mon fauteuil ! en fait c'est le propriétaire légitime du fauteuil qui
l'occupe.
Occasion d'échanger avec le commandant et le capitaine. Je l'ai déjà dit mais j'ai vraiment de la chance que les officiers
roumains parlent français. Grâce à cela je peux vraiment apprendre à les connaitre et ils répondent très gentiment aux dizaines de questions que je leur pose sur leurs métiers, sur leurs vies,
sur ce voyage.
La mer est tellement forte qu'ils sont obligés d'ajuster le cap. Le commandant me dit que nous aurons une mauvaise journée
demain, le temps devrait s'améliorer lundi. Nous devrions arriver à Savannah vers 19 h, sortie possible vers 20 h 30. À part le supermarché Wallmart avec les marins je ne ferai pas grand-chose,
heureusement qu'à l'aller nous avions eu une journée d'escale à cet endroit. Nous partirons le lendemain vers 7 h.
Pour Philadelphie cela ne s'annonce pas mieux, ça m'ennuie davantage, j'aurais aimé passer quelques heures dans cette
ville.
Tout peut changer avant le 20 juin date approximative de notre arrivée à Savannah. Je commence à devenir philosophe, une
fois de plus je ne fais pas une croisière avec excursion mais un voyage en bateau autour du monde.
C'est la pleine lune et la passerelle est baignée de lumière blanche. La mer à une surface de la couleur et de la
consistance du mercure. C'est étrange.