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voyages-madeleine-guillou

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voyager en cargo autour du monde

Publié le par voyages-madeleine-guillou
Publié dans : #Demi-tour du monde

 

Je me lève sans problème à 3 h 45. De ma cabine je vois les lumières du bateau qui amène le pilote. Nous sommes dans la mer du Nord. Je monte sur la passerelle. Il fait nuit bien sûr. Je me glisse dans le silence. Accueil muet et chaleureux comme d'habitude. Vasile, le capitaine, vient de prendre normalement son quart. Pour le commandant c'est plus dur mais comme nous avons du réseau, il a pu joindre sa femme et c'est bon pour le moral ! le café frais à cette heure de la nuit sur une passerelle éclairée par les lueurs de la mer est un breuvage des dieux.

L'arrivée sur Rotterdam est très majestueuse. Le port est gigantesque sur les deux rives. Nous pénétrons loin dans les terres. Le soleil se lève, les lumières sont magnifiques. 

 

Rotterdam est une ville portuaire néerlandaise de 607 460 habitants (environ 1 200 000 dans l'agglomération).

Rotterdam est la seconde ville des Pays-Bas après Amsterdam. Elle représente le cœur industriel des Pays-Bas, et jouit d'une position géographique stratégique, à l'embouchure du Rhin et de la Meuse et proche du Pas de Calais  séparant la Manche et la mer du Nord. Elle est ainsi le débouché économique de toute l'Allemagne de l'ouest, la région la plus dynamique d'Europe.

Son activité est donc principalement maritime, elle possède des infrastructures portuaires sur près de 30 kilomètres. La capacité et la modernité de celles-ci lui permettent le quasi monopole des arrivées d'hydrocarbures en Europe (Rotterdam et le Havre sont les seuls ports de la côte atlantique à pouvoir accueillir des super tankers pouvant transporter jusqu'à 400 000 tonnes de pétrole) et elle est aussi un point important pour les matières premières et les conteneurs.

Cet ensemble lui a permis de s'affirmer comme le quatrième port mondial  (et le premier port européen), malgré la concurrence croissante de  Shanghai et Singapour qui l'ont largement dépassé pour le transbordement de conteneurs.

À l'instar des autres grandes villes néerlandaises, Rotterdam est une ville multiculturelle dont près de la moitié de la population est d'origine étrangère. Cette situation n'est pas sans créer des tensions. Le bourgmestre actuel, Ahmed Aboutaleb, est d'origine marocaine et possède la double nationalité.

(source Wikipédia pour les renseignements ci-dessus)

 

À 6 h 30 nous sommes à quai au fond d'une immense impasse encadrée de quais réservés aux bateaux de commerce. En attendant les contrôles habituels j'ai le temps de déjeuner. Ensuite je rejoins les passagers australiens dans le salon, sacs à dos en place, ils sont prêts à descendre !

Pour ma part, j'ai surtout envie de rester sur le navire. Encore deux jours et il faudra le quitter. De plus le port de Rotterdam m'intéresse davantage que la ville elle-même que je pourrai toujours visiter ultérieurement si vraiment j'en ai envie.

L'agent portuaire arrive vers 8 h. Les formalités sont assez réduites. Les australiens débarquent et je reste à bord.

 

Je prépare la fin du voyage en copiant mes photos sur des clés USB pour les marins qui me l'ont demandé et en commençant le tri de mes affaires pour remplir mes sacs de voyage.

Nonobstant le bruit du va et vient des portiques sur les quais, le silence est total. Vers 10 h j'entends des voix dans le salon. Ce sont les services de l'immigration. Deux personnes. Un homme et une femme. C'est elle la chef, elle est jeune avec un visage fermé. Le commandant ne semble pas content. Je sens l'embrouille.

Immédiatement elle demande à voir équipage et passagers. Évidemment, il manque les deux passagers australiens. Le commandant lui explique que l'agent portuaire lui a dit que le service de l'immigration ne passerait pas, et qu'il a lui-même appelé un taxi pour les passagers. La "Chef" ne l'entend pas de cette oreille et les reproches pleuvent. Pour la calmer, le commandant lui dit que les passeports des deux australiens sont en sa possession. Juste ce qu'il ne fallait pas dire. La contrôleuse devient carrément véhémente, il est interdit de sortir sur le territoire sans un passeport et un visa. Cette fois le commandant se défend en faisant remarquer que visiblement le poste de contrôle du port a laissé passer les australiens sans rien demander. Quelle drôle d'idée d'imaginer que des ressortissants australiens veuillent émigrer clandestinement aux Pays-Bas. Pas contente, la contrôleuse note l'heure à laquelle les passagers doivent revenir à bord, elle reviendra pour les rencontrer !

Il fait très beau, du pont extérieur E, je regarde l'embarquement de l'approvisionnement à tribord. Les marins du bord s'activent. Gerard, le messman, Bernard le cuisinier, sont réquisitionnés pour la manutention. Le bosco Willy orchestre les manœuvres. Les palettes de bouteilles d'eau sont chargées sur le pont à l'aide de la grue du bateau. Elles sont immédiatement déchargées à la main pour permettre l'enlèvement des supports en bois. Ce doit être épuisant !

Je vois arriver les officiers de la relève ainsi que l'agent de contrôle et les techniciens. Il y a un monde fou sur le navire.

L'après-midi, je m'installe pour lire à bâbord, du côté de l'eau. Des bateaux de ravitaillement en fuel sont amarrés les uns aux autres le long de la coque de l'Utrillo. C'est un curieux spectacle de voir l'Utrillo cerné de toutes parts par une armée de lilliputiens qui le prépare de la salle des machines aux cambuses, à affronter une nouvelle rotation.

De nombreuses péniches spécialisées en transport de containers passent pour aller charger et décharger leurs chargements au fond de l'impasse. Des bateaux-mouches viennent faire visiter cette impasse assez particulière. La première fois que les touristes me saluent, je suis tellement étonnée que je ne réponds pas. Pour les autres, je serai plus réactive. Je suis une bizarrerie qu'on photographie sur un porte-containers. Impossible de lire. Je n'arrête pas de bouger pour voir ce qui se passe autour du navire. Je reste sur les ponts E à bâbord et à tribord. Même si ce n'est pas l'envie qui m'en manque, je sais qu'il ne faut pas se promener sur le pont de manœuvre pour ne pas gêner les opérations et aussi ne pas risquer un accident. Le temps passe très vite. Le soir, personne dans la salle à manger, rupture de stock pour la salade et je suis incapable de manger encore du sauté. Un peu de fromage et un yaourt cela suffira pour ce soir. Les passages australiens sont rentrés et les services de l'immigration ne sont pas revenus.

Je me hasarde au pont A pour avoir quelques nouvelles. J'ai appris que le départ a été repoussé à 23 h. Les couloirs sont déserts. Le capitaine n'est pas dans son bureau, mais je le croise dans le couloir. Très pressé, il a juste le temps de me dire que nous ne partirons pas avant 2 h du matin. Aïe, cela remet en question l'heure de notre arrivée au Havre !

Je vais à l'extérieur sur le pont A et je vois un attroupement autour d'une énorme pièce moteur. Elle est encore sur le semi remorques et les marins l'accrochent à la grue de pont. Elle doit être très lourde car ils mettent des filins énormes. Elle est plus longue que large. Je la vois s'élever dans les airs. Les marins grimpent quatre à quatre les ponts pour suivre la pièce.

Je les suis et je trouve un monde fou sur le pont E. Sébastien, le chef mécanicien, dirige les opérations pour descendre la pièce, par le milieu du navire, dans la salle des machines. Il y a Sergueï, Numériano, Willy, Vasile et des techniciens qui n'appartiennent pas à l'équipage de l'Utrillo. C'est terriblement difficile. Le commandant vient aider la manœuvre. Ils jouent les acrobates. Je retrouve la même ambiance que lors du sauvetage. Il faut de l'imagination et du courage pour trouver les bonnes méthodes pour introduire cette énorme pièce de plusieurs tonnes dans l'espace, somme toute restreint, qui ouvre l'entrée de la cale. Ils vont batailler une heure et demie. Pratiquement tout l'équipage de pont et de machine est là. En bas et en haut. Le commandant et le chef ont vraiment de "grandes gueules", dans ce genre d'exercice c'est absolument indispensable. Enfin la pièce se pose sur les poutres en bois qui permettront ensuite de la tirer. Le grutier, je crois que c'était Léo, doit être épuisé, pendant toute la manœuvre les talkies lui ont hurlé des ordres ! son rôle n'était pas facile. Congratulations générales. Il est 9 h 30, aucun des membres de l'équipage n'a dîné. Et le chargement n'est pas terminé.

Je rentre et je n'ai même pas le courage de lire. Malgré le bruit du va et vient des containers et les portes qui claquent sur tous les ponts, je m'endors très vite. Je mets mon réveil à 2 h.

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